Parcours

J'étais très solitaire enfant. On m'aurait cru asociale, alors qu'observer les comportements et les émotions qui transpiraient les visages me passionnait, tout simplement. 
Ne pouvant pas en même temps, et me plonger intégralement dans l'intéraction sociale, et rester à mon poste observatrice, au grè des moments, j'alternais mes occupations : parfois complètement en retrait, d'autres immergée dans l'échange et les relations humaines. 

Constater comment nous, les hommes, l'être rationnel suprême, esclaves de nos émotions, engendrons la plus irrationnelle, puissante et ravissante forme d'absurde, m'a toujours fascinée : les irrationnalités s'additionnant créativement, ce qui est attendu n'est point ce qui arrive d'ordinaire. 
La vie est d'ailleurs le plus beau livre d'aventures dans lequel voyager, n'est-ce pas ? Le tout, c'est de choisir comment réussir ce voyage. 

« Nous sommes toujours des enfants... même à ton âge, maman. Regarde, tu es toujours l'enfant de ta mère ! », m'a dit une fois ma fille.
Elle m'a remmené à mon enfance, à raison. Je crois qu'on finit toujours par choisir de s'y prendre de la même façon que lorsque nous étions enfants. Force de constater que les intérêts acquis à l'âge adulte ont rarement été permanents, alors que ceux nés à mon enfance - dessiner, plonger dans les couleurs, lire, écrire, voyager, danser et me laisser emporter ailleurs par la musique - ont toujours été mes répères..

Dans son atelier, à l'écart du regard d'autrui, mon esprit crée des recettes particulières en mélangeant ces ingrédients personnels (les formes, les apprentissages, les expériences, le réel et la fiction...) au grè des propos que j'explore, cherchant à éclairer cette grande énigme qui est le voyage de la vie. 

Ces formes d'art qui me sont propres, sont devenues au fil du temps les éléments fondateurs de mon radeau personnel. Certes aux voiles rafistolées à cause des maladies, séparations, ou échécs, peut-être bancale par moments, mais toujours dirigé vers l'exploration de l'océan de l'existence, car le plus beau reste encore à venir. 


A gauche : "L'écrivain aux yeux de rockeur" (portrait de Jean D'Ormesson)